Des papiers, des papiers, des papiers...
Je suis tout énervé. D'ailleurs ça se voit : j'ai les cheveux tout ébouriffés, droits sur la tête qu'ils sont. Comme pour témoigner au monde de mon bouillonnement intérieur. Comme si cette énergie néfaste qui coule en ce moment dans mes veines se retrouvait jusque dans la pointe de mes cheveux, un peu comme l'énergie électrostatique draine la colère des nuages lors d'un orage. L'effet est identique.
Donc, je suis énervé.
En principe je pars au Pakistan dans quinze jours pour aller faire un trek dans les montagnes himalayennes. Enfin, disons que jusque là, je me suis inscrit auprès de l'agence, j'ai payé l'accompte, j'ai fait mes vaccins, j'ai acheté du matos (un super duvet de plumes, une super veste en Gore-Tex, des super pompes de montagne, etc, etc). J'ai envoyé mon passeport à l'agence qui s'occupe de faire faire le visa pour entrer au Pakistan. Jusque là tout va bien...
Mais c'est pourtant bel et bien là que ça coince. L'ambassade du Pakistan à Rome, voyant mon passeport français, veut un certificat de résidence de ma part, justifiant le fait que je suis en Italie. Je précise que j'avais demandé, via l'agence, si au vu de ma nationalité française, l'ambassade à Rome pouvait néanmoins me faire ce visa. Ça ne devait pas poser de problème. Je m'étais renseigné auprès de l'ambassade du Pakistan à Paris, mais il y avait besoin d'un justificatif de l'agence de trek, je me suis dit que ce serait plus simple de passer directement par eux. Erreur !
Un certificat de résidence ? C'est quoi cette bête-là ? Comment et où je récupère un truc pareil, moi ? Coup de fil à l'agence : à la mairie, ça ne prend que cinq minutes, me dit la p'tite dame à l'autre bout du fil. Oui, mais ça m'emmerde déjà de devoir y aller. Et si je vous faxe mon contrat de location d'appart ici, à Padoue, ça ne pourrait pas le faire ? OK, essayez. J'essaye. Message de la p'tite dame hier : non ça ne le fait pas. %-*&%@#@#@ de pakistanais. Bon, je me renseigne sur le comment et le où récupérer le papier. Et ce matin je me pointe à la mairie la gueule enfarinée. Ça n'aurait pu prendre que cinq minutes, si j'avais été dans l'ordinateur. Mais non. De fait ça a pris cinq minutes, mais je suis ressorti sans le foutu papelard. Tout ça parce que je ne leur ai jamais dit que j'habitais à Padoue. Ah bon ? C'est pas automatique ? Bon, et avec mon contrat de travail, mon contrat de location d'appart, vous ne pouvez pas me le faire ce papelard ? Non, il vous faut un permesso di soggiorno (permis de séjour). Jusque là, et ça fait presque deux ans que je suis ici, je n'ai pas eu besoin de ce truc. Donc, pour récupérer ce bidule, faudrait que j'aille à la questura, faire la queue pendant des heures, me faire traiter comme un chien par le personnel (je n'y suis jamais allé, mais en revanche j'en ai largement entendu parlé), après quoi, revenir à la mairie, faire cette résidence, et finalement je pourrais avoir ce sacro-saint certificat. Tout ça pour partir en vacances ! Non, mais vous me prenez pour un con ?
Résultat, je ne ferais rien du tout : s'ils ne veulent pas me tamponner mon passeport, et bien, tant pis, j'irais dépenser mon fric ailleurs que dans leur foutu pays. Na !
Je sais que je ne suis pas très doué pour la paperasse. J'anticipe pas beaucoup ce genre de choses. Dire que j'ai aussi un dossier épais comme ça à remplir pour mon nouveau job en septembre. Qu'il faut que j'aille faire une visite médicale chez un toubib agréé, qui remplisse les bonnes cases du papier, que je dois porter à la fac entre tel jour et tel jour (je n'y serais pas, je serais encore en Italie, mais je ne leur ai pas encore dit)... J'en suis déjà malade. J'en fais des cauchemards la nuit. Mais c'est une autre histoire...
À quand l'autodafé de la paperasse ?