Je blogue donc je suis
Le sujet abordé par Peggy dans son article Van Gogh aurait il blogué ? m'inspire quelques développements. À quoi ça sert de bloguer ? Et pourquoi le phénomène prend-il tant d'ampleur ?
Je commence par mon expérience en la matière. J'ai découvert la chose il y a environ un an par un article de l'Express. Oui, curieusement, c'est la presse papier qui m'a ouvert les yeux sur tout un univers virtuel. J'ai toujours aimé écrire, pour moi ou pour les autres, sous forme de « journaux de bord » quelques unes de mes (palpitantes) aventures (même des aventures moins palpitantes, mais celles-là, personnes ne les lira jamais !). Souvent, en Italie ou avant aux État-Unis, j'envoyais par courriel le récit de mes balades du week-end à ma famille et quelques amis. J'avais peu de retour, sauf celui de ma mère qui se faisait imprimer consciencieusement ma prose et archivait le tout méthodiquement. Puis, en mettant un pied dans la « blogosphère », je me suis dit que ça pouvait être un bon moyen de faire partager quelques tranches de vie non seulement à ceux à qui c'était initialement destiné, mais, pourquoi pas, à d'autres. J'étais encore en Italie, à l'époque, pays suffisamment exotique pour que le quotidien soit source d'aventures exotiques, donc. Résultat, je continue de « bloguer » même à Paris (quoiqu'il en soit, mes aventures italiennes n'étaient pas si exotiques que ça !!), et je ne suis pas sûr que ma famille lise ma prose avec une grande assiduité (???) ; en revanche, quelques amis et quelques lecteurs (lectrices ?) inconnus semblent suivre ce que je raconte avec quelque intérêt. Pour les amis, l'objectif est clair : indirectement, je les tiens informé de ce que je deviens. Même si je ne raconte pas toute ma vie ici, mais seulement quelques réflexions qu'elle m'inspire, la vie. C'est forcément autobiographique, mais je ne pense pas que ça vire dans le journal intime pur et dur. Enfin, je ne sais pas. Toujours est-il que je vous épargne certaines de mes réflexions qui n'ont d'intérêt que pour moi !
Bref, c'est surtout et avant tout le plaisir d'écrire qui m'amène ici. Le design de la chose ne m'intéresse pas plus que ça, comme vous avez pu le remarquer (bon, OK, c'est en fait ma totale incompétence en la matière devant laquelle je tire un rideau de mots). En contrepartie, j'essaye de soigner un tant soit peu ma prose, c'est pas toujours réussi, de ne pas faire trop de fautes, mais je sais pertinement que bon nombre subsistent malgré tout. Bref, le blog c'est un moyen simple pour publier mes idées, mes réflexions, et les faire partager. Évidemment, mes articles, ou chroniques (ça fait quand même plus classe !), sont forcément basés sur du vécu. Sont du vécu. Pour écrire, on n'est pas toujours obligé d'avoir l'imagination débordante. Et ça peut malgré tout être intéressant à lire pour autrui. J'espère. C'est quand même un peu le but. Être lu.
Une fonctionnalité non négligeable du blog, c'est la possibilité offerte aux lecteurs de tout poil de mettre des commentaires. Ben, l'air de rien on se prend au jeu... Une sorte de consécration. On lit avec avidité chaque nouvelle trace du passage de quelqu'un en ce lieu, on attend le suivant le doigt sur la souris... Quand je jete un regard un peu caustique sur mes contemporains, quand je hurle au scandale à qui bousille la planète, et bien les commentaires vous permettent de réagir (et vous le faites, même si souvent j'en attendrais un peu plus de votre part !), d'intéragir, de prolonger le débat... Ouverture d'esprit !
Après tout, c'est, dans une moindre mesure, quelquechose d'équivalent à un bouquin autobiographique. Quand j'ai lu « la maladie de Sachs » de Martin Winkler, c'était bien avant les blogs, j'ai eu le sentiment de pénétrer dans l'intimité du cabinet d'un toubib. J'ai eu le sentiment, un peu désagréable au début, mais finalement délectable, de me retrouver dans la peau d'un voyeur. J'ai adoré ce livre. Et il ne raconte pas des aventures trépidantes à l'autre bout du monde (d'ailleurs j'ai aussi lu des récits d'aventures trépidantes qui étaient complètement insipides !). C'est un roman, certes, mais on imagine facilement qu'au moins une partie de la vie du docteur Winckler a dû être assez proche de celle du docteur Sachs. Évidemment, le style de la plupart des blogs, et du mien en particulier n'a rien à voir, mais l'objectif reste le même : finalement on lit un bon roman, autobiographique ou pas, pour se faire plaisir. Et on lit un blog pour se faire plaisir. Et il y en a pour tous les goûts. Un peu comme les livres, en définitive. Sauf que les auteurs, ce sont vous et moi.
Un autre avantage du blog, qui est utilisé ou pas, c'est l'anonymat. Un avantage d'internet de manière générale. On peut donc écrire ce que l'on veut, sous couvert d'un pseudo, sans que personne ne vienne jamais demander des comptes. D'où les nombreux journaux intimes qui peuplent ce monde. À mon avis, raconter ses malheurs, ses angoisses et surtout les exposer au regard des autres, c'est un peu rechercher du réconfort là où il se trouve : chez les autres. Après tout, c'est moins cher qu'un psy, et ça fonctionne probablement mieux, pour un peu que la plume soit fluide et lisible. Et puis on peut aussi fouiller la déco (je dois être un des seuls à avoir un design aussi minimaliste), et agrémenter la chose de photos.
Bref, en ce qui me concerne, je ne vois aucun problème à la prolifération des blogs, bien au contraire. Ça stimule la créativité de qui le fait, ça incite à écrire dans du vrai bon français (ou du vrai bon anglais, c'est selon), si on veut éviter que ce soit trop pénible à la lecture... Et puis ça fait rêver, balader, s'instruire, accessoirement, le lecteur ! Alors, où est le mal ? Ça n'empêche pas plus que la télé d'avoir une vie sociale tout ce qu'il y a de plus réelle et normale : ce n'est parce que je ponds des articles à rallonge que je passe ma vie à les écrire. Bien au contraire ! En ce qui me concerne, je ne suis pas parce que je blogue (ce serait même plutôt l'inverse), mais je peux comprendre que certains sont parce qu'ils bloguent : tout le monde n'a pas un ou une amie sous la main à qui raconter sa vie, surtout quand ça va pas...
Jetez vos télés par la fenêtre, bloguez !
Quelques liens sur le sujet...
Les blogueurs ne bloguent pas bêtement, souvent ils s'interrogent sur le pourquoi du comment :
Le blog comme moyen de prise de conscience complètement indépendant de l'abrutissement des masses par la télé et autre source d'information plus ou moins censurée :
Crise pétrolière au 21ème siècle
Et si Van Gogh avait blogué ? Aurait-il seulement été Van Gogh...
AQT...
Et vous, amis lecteurs, blogueurs, qu'en pensez-vous ?