La grande séduction

Publié le par Guillaume

Ça faisait longtemps que j'avais envie de le voir, ce film québécois. C'est désormais chose faite. Ce soir, pas de soirée entre amis, chacun est resté dans sa tanière, pas de cinéma, ils ne se sont pas encore remis de la fermeture estivale, rien de bien au ciné en plein air, et puis de toute façon, il pleut. J'ai donc resorti ma carte du vidéoclub, et je m'en suis allé regarder ce que la machine avait dans le ventre. Dans le rayon « nouveauté » un nombre incalculable de daubes (y'a même une kyrielle de films de cul... J'espère que les enfants ne viennent pas tous seuls louer des films !!) dont je n'ai jamais entendu parlé... Les films intéressants y sont proprement noyés. Le temps passe, les jacquettes défilent sur l'écran, la queue derrière moi grandit à vue d'œil : c'est incroyable comme y'a du peuple qui fréquente ces distributeurs automatiques. Moi c'est une fois l'an. D'ailleurs ma carte était périmée. Heureusement que le magasin était encore ouvert : le monsieur m'a décoincé ça, soulignant le fait que ça faisait des plombes que je n'avais pas mis les pieds devant son distributeur. Bref. La foule trépigne et s'impatiente. Je comprends quedalle à leurs injonctions. Les jacquettes défilent toujours, daube, daube, daube... Ah, tiens, non, pas daube. Pas daube, pas vu et envie de voir : « La grande séduction ». Adjugé. Je repars avec mon DVD dans sa petite boîte bleue sous le bras, sous le regard noir d'une file qui commençait à sérieusement empiéter sur la chaussée. D'où klaxons, le foutoir. J'ai foutu le foutoir dans la ville pour un vulgaire film.

(Non, mais franchement, il est obligé de nous raconter tout ça ? On s'en fout royalement de tout ce tintouin, au fait, qu'il en vienne au fait, nomdidiou ! Au fait !)

J'ai donc passé la soirée devant ce film, en sirotant une menthe à l'eau et en ingurgitant une platrée de spaghetti au grana. Le feu dans la cheminée crépitait dans le salon.

(Mais qu'est-ce qu'il nous raconte là ? Je croyais qu'il était à Padoue, qu'on était en plein été, une chaleur à ramolir la cervelle, des moustiques par myriades, et un orage à tout péter en bruit de fond ???)

Chuuuut ! Ça commence...

Un film québécois, donc, de Jean-François Pouliot. Inconnu au bataillon. Son premier long, d'après IMDb. Un petit chef-d'œuvre, en fait. Un petit village sur la côte québécoise, donc. Sainte-Marie-la-Mauderne. Cent-vingt habitants qui prennent le large les uns après les autres. Le village se meurt. Pour le faire revivre, une seule solution : implanter une « usine » pour fixer la population. Mais cela ne peut se faire que si le village en question abrite plus de deux cents âmes (rien de plus simple, il suffit de faire croire à l'inspecteur que la multitude est là), et si un docteur y habite de manière permanente. Ça, c'est pas gagné... Et tout le village de se mobiliser pour appâter et surtout garder, un jeune toubib venu de la grande ville...

Un film rempli d'une grande ingéniosité, d'un humour sympathique, et animé d'une joie de vivre qui met du baume au cœur. Un petit village de bord de mer, des maisons de toutes les couleurs. Certes, ce n'est pas la ville, mais au moins la vie y est authentique. On se prend d'amitié pour ce maire qui se plie en quatre pour gagner son usine et donc garder son toubib ; pour ce médecin qui, finalement, ne trouve pas si mal que ça dans la cambrousse ; et pour tous ces habitants qui ont vraiment la gueule de l'emploi.

Je ne me souviens pas avoir vu de film québécois avant. Et là, en deux ans, j'en ai pris deux dans les mirettes. Deux registres différents, mais toujours sur la voie de la rigolade. Le premier, ce fut « les invasions barbares », que j'ai vu en retard, aussi. Un film complétement décalé, aux dialogues tout autant décapants que délectables...

(Vlà t'y pas qu'il va nous faire le coup du « deux en un »... Y'en a marre des articles à rallonge, alors basta cosi !)

OK, OK...

Mais je voulais juste rajouter un truc à propos de « La grande séduction » : le film a été tourné non pas à Sainte-Marie-la-Mauderne, mais dans une petite bourgade anglophone, Harrington Harbour, au moins aussi petite, mais que j'ai quand même trouvé sur mon atlas mondial. C'est au nord-est du Québec, au bord de l'estuaire du Saint Laurent (d'ailleurs, ça ne s'appelle peut-être plus comme ça, à ce niveau-là, bref, entre le détroit de Jacques Cartier et le Strait of Belle Isle), un endroit charmant pour aller passer vos prochaines vacances. Moi j' ai été séduit !

Et puis je suis allé reporter le DVD dans sa machine (ben oui, parce que si on le rapporte en moins de six heures, c'est moins cher. Pfff, quelle idée, de devoir sortir dehors rapporter son DVD après s'être plongé dans un film... Je préférerais payer un euro de plus et pouvoir prendre mon temps. Mais non, si j'y vais tout de suite après, c'est moins cher, alors...). Il était onze heure du soir. Il pleuvait des cordes. Qu'à cela ne tienne : j'ai un superbe parapluie de toutes les couleurs qui ne demande qu'à aller faire un tour. Comme il ne sort de son placard qu'une fois par an, et encore, ce soir, quelle aubaine ! Me voilà donc sous la pluie battante, pour aller reporter mon DVD. Une petite balade romantique sous un grand parapluie, avec les gouttes qui tombent tout autour en faisant flic-floc. Un p'tit coin d'parapluie, contre un coin d'paradis.... Ben oui, mais non. Il n'y avait que moi sous ce grand parapluie !

(Ouf ! Ça y est, c'est fini. J'ai cru qu'on allait y passer la nuit. Pffff, quelle longueur ! Mais abrège, abrège ! M'enfin...)

Publié dans cinéma

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
M
Et sinon... comme autre film canadien à voir : La Turbulence des fluides, de Manon Briand.
Répondre